Lors de sa séance hebdomadaire du Conseil des Ministres du lundi 18 mars 2024, le gouvernement a annoncé des mesures visant à améliorer le statut des Aspirants aux Métiers d’Enseignant (AME). Cette décision est saluée par trois organisations syndicales qui invitent cette catégorie d’enseignants à rester mobiliser pour la suite d’acquis majeurs.

La CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB, expriment leurs félicitations aux AME pour cette avancée significative dans leur lutte pour de meilleures conditions de travail. "Nous présentons nos félicitations aux collègues AME qui, pour une fois, font l’actualité de façon moins humiliante. Qu’ils savourent cette nouvelle étape dans leur quête légitime de mieux-être individuel et collectif", ont-elles écrit dans une déclaration publiée mardi dernier.

Les trois organisations déplorent la revendication de cette victoire pour certaines centrales syndicales. "Il est tout de même curieux que certaines chapelles syndicales revendiquent l’exclusivité de la paternité d’un tel progrès, comme si de mémoire, une seule organisation syndicale s’était soustraite à la lutte". Dans leur déclaration, ces organisations encouragent les AME à rester mobilisés et à éviter tout triomphalisme prématuré.

"Nous prenons acte de ces progrès significatifs et invitons les AME à s’organiser davantage pour poursuivre la quête d’acquis majeurs pour leur carrière dans l’enseignement. Ils devront surtout éviter d’ajouter leur triomphalisme à ceux de leurs partenaires des deux côtés car sur la route de leur épanouissement, des obstacles à gérer ne manqueront pas."

Nécessité de la négociation et de la mobilisation pour les travailleurs

La CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB tirent cinq leçons de ce nouvel engagement du gouvernement. Elles retiennent que primo, "négocier n’a jamais été une capitulation. Négocier fait partie depuis toujours de l’arsenal laissé aux organisations syndicales pour aboutir à la satisfaction de leurs revendications".

Secondo "le lobbying et le plaidoyer n’ont jamais été des compromissions dont il faut rougir. Savoir établir et entretenir des contacts utiles est une arme redoutablement efficace surtout dans un pays comme le nôtre où nous savons que les plus grandes décisions au sommet de l’État se prennent parfois sur la base des querelles de personnes, de rancœurs enfouies ou simplement de reconnaissance et d’amitié avec x ou y".

Tertio, "le combat social demeure une question de rapport de force en présence. L’objectif premier d’une organisation syndicale est de réussir à maintenir ce rapport de forces en faveur des travailleurs. Ce maintien passe d’abord par la qualité de la capacité de mobilisation des membres et de l’opinion publique, ensuite par la qualité de la communication publique et des argumentaires et enfin par des stratégies de contournement (certains parleraient de louvoiement) de la toute puissance, de la suffisance ou de la mauvaise foi assumée du partenaire social en face".

Quarto, "lorsqu’on n’a pas le répondant nécessaire à la capacité de nuisance de l’adversaire, faire les couloirs de façon probe est une stratégie de résilience intelligente. D’ailleurs, ceux qui ont, de tout temps, présenté l’ouverture d’esprit au dialogue social comme une faiblesse et une trahison n’hésitent pas aujourd’hui à faire du lobbying en investissant le domicile privé de l’autorité. Ils ont découvert que c’est redoutablement efficace", peut-on lire dans leur déclaration.

Quinto, les trois organisations syndicales estiment "qu’au-delà de tout, rien ne vaut la capacité de mobilisation des travailleurs si l’on veut cesser d’être les esclaves de la magnanimité de ceux qui nous emploient sur des revendications légitimes basiques." Le principal défi à présent est d’inscrire les progrès obtenus par les AME dans leurs contrats de travail et de continuer à œuvrer pour l’obtention du statut d’agent contractuel de droit public de l’État, a ajouté la CSA-Bénin, la CGTB et l’UNSTB.