Bénin
Angela : « J'ai pleuré, j'ai envisagé fuir... », se souvient-elle après avoir dénoncé le harcèlement sexuel
Dans une tribune publiée sur son compte facebook, Angela Kpéidja se souvient des tortures morales subies, plus d’un an après, sa dénonciation sur le harcèlement sexuel en milieu professionnel. Lire son post dans son entièreté.
À cœur ouvert !
Tout au long et au-delà du mois de mai 2020, j’avais été accablée sur les réseaux sociaux et dans ma vie quotidienne pour avoir osé défier la peur de mourir professionnellement.
Alors que j’avais seulement peur pour ma carrière, c’est le regard de toute la société que j’ai finalement affronté et ma vie a complètement basculé.
Pour beaucoup de personnes, ma nomination était une promotion. D’ailleurs, pour les uns et les autres, elle justifiait mes déballages sur mon compte Facebook. Puisque quelques semaines plus tôt je n’étais plus cheffe desk santé environnement.
Des voix se sont élevées pour m’interdire de prendre le poste. D’autres au contraire m’ont encouragée. Mais dans ce couloir, j’étais seule face à mon destin et torturée de toutes parts.
J’ai pleuré, je me suis affamée, j’ai envisagé fuir...
En face j’avais aussi toutes ces femmes et filles qui discrètement me disaient "Angela, je te soutiens, il faut aller loin, c’est à cause de ce phénomène que je suis à la maison, je ne travaille pas, je fais du commerce...".
Ces témoignages poignants m’avaient davantage enragée par rapport à la condition féminine. Il était alors question pour moi de prouver d’une part que nous femmes étions toutes aussi capables que les hommes de courage et de compétence. D’autre part, j’avais envie de gagner un procès que je voulais historique dans le domaine du harcèlement sexuel dans mon pays. Je rêvais de donner espoir aux nombreuses victimes culpabilisées.
J’ai donc accepté le poste de chef Web, tout à fait décidée en dehors des sanctions administratives à saisir les juridictions pour laver mon honneur.
A l’épreuve du parcours juridique, mes premiers soutiens sont restés les hommes. Les témoignages des femmes de mon milieu professionnel qui auraient dû me porter, ne sont jamais venus. Les témoins de la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, se sont murés dans le silence. Sans oublier les audios et vidéos qui m’ont condamnée avec la dernière rigueur.
J’y ai laissé des billets de banque, de l’énergie, des larmes, des amis... Le pire, c’est la guerre que les autres femmes ont décidé de me livrer et me livrent encore. Elles disent que je ne suis pas légitime pour porter la cause. Malgré tout, j’ai vu dans ces événements un appel. Car quand je me répandais sur mon mur facebook, je n’avais pas conscience de la bombe que je posais.
Un an après, je reste sur ma soif de justice. Cependant, je suis plus aguerrie à montrer le chemin à d’autres victimes.
Consciente qu’une seule hirondelle ne fait pas le printemps, je nous appelle à nous donner la main. Personnellement, j’ai pris le pari d’un monde moins hostile à l’éclosion de l’intelligence et des talents de nos filles.
J’ose vous avouer que me découvrir féministe a été un choc. Car pour moi, le tigre ne proclame pas sa tigritude...
Mais il y a tellement d’inégalités et surtout de manque de solidarité féminine !!!
Société
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