Tribune du Professeur Eugène AZATASSOU, vice-président du parti Les Démocrates

THÈME

DEMOCRATIE ET EXCLUSION

Après mon écrit sur les questions de modèle démocratique, j’ai enregistré une réaction d’un Monsieur du nom de Vincent TOVIDEDJO. Il écrit : « Dites à AZATASSOU, que la démocratie est par essence un système d’exclusion. Le degré varie d’un pays à un autre. La conférence des forces vives a même instauré l’exclusion d’une frange de la population. Ex : il faut avoir 40 ans au moins et 70 ans au plus pour être président de la République. Il y en a beaucoup d’autres ». J’ai entendu ce genre de raisonnement à plusieurs reprises et il est souvent mené par des partisans de la rupture pour tenter de tromper certains béninois qui les écoutent et qui peuvent être de bonne foi. C’est pour éclairer ces compatriotes que je me vois obligé de reprendre Monsieur Vincent TOVIDEDJO sur son argumentaire.
Partons d’un exemple simple. Supposons que notre équipe nationale de football (les Écureuils) doive jouer contre une équipe notée A. on ne peut pas aligner les 12 millions de béninois que nous sommes pour jouer contre A. le sélectionneur est obligé de choisir onze d’entre nous pour nous représenter. En ce sens, le football est « par essence, un système d’exclusion ». Mais, supposons qu’au cours du match, sans qu’il n’y ait aucune faute, l’arbitre choisit de sortir le carton rouge pour les deux meilleurs joueurs béninois et laisse les Ecureuils faire le jeu à neuf contre les onze de l’équipe adverse qui nous met plein de buts. C’est clair que l’arbitre sera conspué par les supporters et il sera demandé l’annulation du match s’il y avait des enjeux. En ce moment, se trouvera-t-il des compatriotes comme Monsieur Vincent TOVIDEDJO pour soutenir que le match est valable, puisque le football est d’exclusion par essence ? Ils seront soupçonnés, à raison, de soutenir l’équipe A. Un tel match risque de dégénérer à la fin.
Pour des raisons d’efficacité, la démocratie est effectivement par essence, un système d’exclusion. Mais, toutes les exclusions ne sont pas démocratiques. Celles qui se sont produites en 2019, 2020 et 2021 dans notre pays ne correspondent pas au jeu démocratique et sont porteuses de germes de violence. La raison est que lesdites exclusions ont été orchestrées pour permettre à un groupe de s’accaparer de toutes les institutions de la République et de se maintenir au pouvoir sans considération pour les règles qui existent en la matière.

Cotonou, le 21 juin 2022
Eugène AZATASSOU