Dans une vidéo devenue virale sur la toile, ce mercredi 10 avril, l’imam malien Mahmoud Dicko a fait une déclaration sur la situation politique de son pays après avoir présidé la prière de l’Aïd al-Fitr à Alger. Il a vivement critiqué le régime de transition dirigé par Assimi Goita et annonce son retour au Mali.

Le très célèbre imam a dans ses propos, accusé les dirigeants maliens d’avoir profité des manifestations populaires pour se maintenir pouvoir après le putsch. « Les gens sont sortis pour manifester contre les sanctions imposées par la CEDEAO, largement considérées comme illégales et illégitimes. C’était là le piège, car cette manifestation massive de la population a été exploitée pour légitimer le coup d’État et le maintien prolongé des autorités de transition au pouvoir », a-t-il dit.

Mahmoud Dicko a dénoncé la division croissante de la société malienne. Il attribue cette fracture à l’incapacité des dirigeants à promouvoir la cohésion nationale. « Aujourd’hui, le pays est au bord du gouffre et aucune solution ou piste de solution ne se profile à l’horizon. Ils ont réussi à diviser les Maliens entre eux. Pendant ce temps, ceux qui sont au pouvoir sont en désaccord, un secret de polichinelle de nos jours. Comment des personnes qui ne s’entendent pas peuvent-elles favoriser la cohésion et l’harmonie au sein d’un pays ? », s’interroge-t-il.

Le guide religieux ne craint pas les possibles répercussions. Il a affirmé assumer la vérité qu’il expose et prévoit son retour imminent au Mali. « Nous sommes dans cette situation parce que la vérité n’est pas dite dans notre pays. Et celui qui ose déroger à cette règle est lynché. Je sais qu’après cette déclaration, je ne vais pas faire exception, et tout le monde ne parlera que de DICKO désormais, mais je l’assume ».

L’imam Dicko a été la grande figure d’un mouvement de contestation qui a précédé la chute du président civil Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un coup d’État militaire en 2020. Actuellement en Algérie, il avait été reçu par le président Abdelmadjid Tebboune le 19 décembre. Une visite dénoncée par le gouvernement malien.

En son absence au pays, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko, a été dissoute le mercredi 6 mars, en Conseil des ministres. L’imam est l’une des rares personnes à exprimer publiquement ses désaccords avec les autorités militaires.