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Yahya Jammeh : une ex-Miss Gambie veut faire juger l’ancien président pour viol

L’investigateur 22/09/2023 à 23:25

Toufah Jallow est une femme en mission. Cette Gambienne de 27 ans, aux dreadlocks soignées, que rien ne prédisposait à une vie de militante, s’est fixé comme objectif de traduire l’ancien président de son pays devant les tribunaux et plus largement de porter la voix des victimes « dont les violeurs ne sont pas présidents ». Elle est à ce jour la première femme à avoir accusé de viol l’ex-dictateur Yahya Jammeh, lorsqu’il était au pouvoir à Banjul (1994-2017). Dans un livre témoignage, traduit en français, Toufah Jallow retrace sa trajectoire, brisée lors d’une nuit de juin 2015.

Le « voyage sans retour » de Toufah Jallow, rencontrée dans la librairie parisienne de son éditrice (Edition des femmes-Antoinette Fouque), débute en décembre 2014. Ce soir-là, son pays a les yeux rivés sur le « Concours du 22 juillet » retransmis en direct à la télévision. La jeune femme gracile, drapée dans une longue robe noire, défile aux côtés de vingt et une autres lycéennes sur la scène du Paradise Suites Hotel de Serrekunda.

Ce concours de beauté, le dictateur, absent de la cérémonie mais omniprésent dans les discours, l’a créé pour « promouvoir l’autonomie féminine », et célébrer la date de son coup d’Etat, le 22 juillet 1994. La gagnante de cette opération de propagande peut espérer décrocher une bourse d’études dans le pays de son choix ou un soutien financier pour lancer son entreprise. Toufah Jallow, 19 ans, souhaite échapper au métier d’enseignante, seul horizon que lui offre sa filière en Gambie, et partir étudier les arts dramatiques à l’étranger. Quand le présentateur lui annonce son sacre, elle pense toucher du doigt son rêve. Un piège qui permettra au clan Jammeh d’exercer son emprise sur elle.

« Si je veux une femme, je l’obtiens »

Celle-ci se met en place quelques jours après le sacre, lors d’une première rencontre avec le président, organisée par Jimbee, cousine et fidèle collaboratrice de Jammeh. La lauréate et ses dauphines sont alors priées d’assister à une cérémonie au palais présidentiel.

« Il m’a lancé : “Salut la Peule !” Il nous a regardées à tour de rôle, et il a commencé à faire des plaisanteries sur les différentes ethnies, de façon aussi détendue qu’un oncle ou un ami de la famille. J’avais conscience de son pouvoir et j’avais entendu parler de ce qui arrivait aux personnes qui s’opposaient à lui mais, à ce moment-là, il m’a semblé bienveillant et même abordable », raconte-t-elle. Plus tard, il lui promet une aide de 100 000 dalasis (1 540 euros) pour un projet de pièce de théâtre, tout en louant sa « façon de parler et de bouger pour une fille de 18 ans » Lire la suitehttps://www.lemonde.fr/afrique/arti...



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