"Agooo... bougez... Tantie, venez voir, c’est de la qualité à bon prix..."

"Dimuniez un peu... non, c’est pas bon à ce prix..."

Dantokpa, tes bruits, tes couleurs bigarrées, tes bouchons humains entrent désormais dans l’histoire...

Le charme de ton désordre qui produit du tourisme informel, nos sueurs et nos peaux qui se collent nous manqueront...

Tes odeurs repoussantes par endroits, ton insalubrité légendaire aussi, qui engendrent de l’économie participative aux régies financières de notre pays manqueront aux rendez-vous cycliques des cinq jours...

Ton histoire dit-on, repose sur la générosité d’un "dieu serpent" , dieu de la richesse, de la prospérité et du bonheur.

Il nous est aussi revenu que le temple de ce serpent bienfaiteur aurait déjà affronté deux raids de nos dirigeants qui lui ont imposé par le passé, des déplacements contraignants.

Il semble que celui que tu t’apprêtes à vivre serait le dernier voyage hors des abords de ta langue aimée.

Tu nous manqueras, à nous d’ici mais aussi aux autres citoyens d’Afrique qui profitaient des humeurs de ces bonnes dames capables des invectives, de la discourtoisie mais aussi de gentillesse et du harcèlement...

Dantokpa, tu es aussi le nid de l’insécurité, le logis de sans domicile fixe et le repère de ces enfants de tous les âges abandonnés à la rue, dans l’incertitude.

C’est le reflet de notre société, sel sociologique, culturel et anthropologique que je viens pleurer.

Distel AMOUSSOU