Chronique

‘’Mon admiration et ma peur’’ pour expliquer le vrai sens du ‘’balai du Roi Béhanzin’’

L’investigateur 3/09/2020 à 16:23

Par Prudencio GBEHANZIN.

‘’Et si Talon était le balai du Roi BEHANZIN’’. A la lecture de l’article de mon oncle Jean Roger AHOYO (Daa, je me prosterne au passage), bonheur et fierté m’ont envahi parce que j’ai toujours été engagé dans cette cause à laquelle j’apporte chaque jour et à ma façon, ma pierre quoique peu visible.
Mais j’ai peur, peur que cette phrase aussi solennelle, grave et prophétique de DADA GBEHANZIN, mon aïeul et ‘’DJOTO’’, soit réduite à son aussi simple compréhension. ‘’ Sans mon balai, la maison de HOUEGBADJA deviendra broussailleuse‘’ n’est pas une rumeur. Alors qu’il s’avançait vers GOHO pour rencontrer Dodds, il apparut par surprise du coté Nord-ouest d’Abomey au petit matin. A l’entrée d’Abomey, ce 25 janvier 1894, il lui fut audible, le son des tam-tams à la gloire des souverains du DANHOME et alors qu’il eut été juste qu’il fut glorifié après son père DADA GLELE, le couplet fut celui de AGOLI AGBO, que l’histoire retenait déjà comme celui qui l’a trahi. Pris de colère, il dit sur un ton grave et comme dans un prophétisme sans pareil la célèbre et gravissime phrase qui poursuit que voici : « Voilà que vous m’avez trahi ; mais si mon balai ne balaie pas cette terre, elle ne deviendra que broussaille »

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Qui connait la dimension spirituelle si vaste et si profonde de Dada GBEHANZIN me comprendra quand je dirai qu’il ne s’agissait point de ce qu’une descendance de sang ou connexe de Dada GBEHANZIN accède à la magistrature suprême du pays pour ainsi devenir le balai de DADA GBEHANZIN. C’est d’autant plus fort et profond, qu’on ne saurait non plus réduire la gouvernance du Président Patrice TALON à si peu. Mais de quoi s’agit –il ?
 DADA GBEHANZIN s’est illustré par son refus de céder quelque partie que ce soit de la terre de ses aïeuls à des étrangers. Cela s’appelle du Patriotisme ;
 DADA GBEHANZIN a nommé son frère GOUCHILI pour commander son armée afin de montrer à tout le royaume combien il tenait à la fraternité et la confiance qu’il portait aux siens. Cela s’appelle le sens de la famille ;
 DADA GBEHANZIN a fait des amazones sa garde personnelle et la troupe d’élite de son armée ; Cela s’appelle promouvoir le genre ;
 DADA GBEHANZIN, dans l’obligation de quitter Abomey, a symboliquement fait bruler une case fétiche pour dire à tous de ne jamais laisser les étrangers profaner nos traditions et nos reliques. Cela s’appelle l’attachement à ses valeurs culturelles.
Sans être exhaustives, voilà les valeurs qui caractérisaient DADA GBEHANZIN et qui ont fait de lui un souverain réformateur, fortement attaché à ses racines et orienté vers l’avenir. Il était très inspiré par la constitution de HOUEGBADJA ou les ‘’Lois Sacrées du DANHOME’’ appelées encore ‘’HOUEGBADJA CASSOUNDO, 41 lois qui n’ont jamais été amendées depuis HOUEGBADJA, dont les plus fortes stipulaient :
 chaque citoyen doit contribuer à conserver et agrandir le territoire du DANHOME ;
 aucun DANHOMENOU ne devra tuer ou contribuer à tuer un autre DANHOMENOU ;
 l’agriculture est la base du développement du DANHOME et le commerce en est le moteur ;

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 les valeurs culturelles et traditionnelles du DANHOME en sont le et nul ne devrait les transgresser au risque de sa vie…..etc
Il est important pour les générations à venir, de garder et bien comprendre les mots prononcés par DADA GBEHANZIN ce jour du 25 janvier 1894, puisqu’il s’agissait d’une prophétie faite dans la douleur de l’expérience de trahison, et de clientélisme qui a fait perdre la dignité au Royaume. En voici le vrai sens et la leçon à retenir :
« Si les valeurs de patriotisme, de dignité, de justice, de fraternité, de respect de la femme, de vision sur l’avenir pour le développement de ce royaume que j’incarne ne deviennent pas les vôtres, vous ne saurez jamais parler un langage solidaire qui permet de construire une Nation et vivre ensemble en paix, en harmonie et en développement »
Et c’est ce qui nous aura été dit plus tard dans la honte à l’indépendance par E. Mounier « le Dahomey est le quartier latin d’Afrique, mais cet intellectualisme fait de méchanceté et de trahison n’est pas de nature à développer le pays »
Mais en vérité,
 Qu’avons-nous fait de la fraternité pourtant reprise dans notre devise ? Nous ne manquons aucune occasion pour nous détruire les uns entre les autres.
 A quoi avons-nous réduit le patriotisme ? On a les yeux en permanence rivés vers ce dont on peut profiter du pays mais jamais on n’est prêt à faire un sacrifice qui grandit la Nation.

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 Quelle place laissons-nous à nos valeurs culturelles ? Nous renions sans cesse tout ce qui nous distingue.
Ainsi, Réduire le balai de DADA GBEHANZIN à un moment de gouvernance du Président TALON à travers la comptabilisant de ses réformes que je salue, soustrait à ce grand instant prophétique, la force des mots qui devraient durablement panser les plaies de tout une génération et projeter la Nation vers des rêves d’une grandeur consolidée par sa devise : Fraternité, Justice, Travail. Autrement, dans cette forme-là aussi simpliste, nous pouvons craindre ne pas être à l’abri d’un scénario de retour à la case départ après tous les efforts qu’aurait consentis le balai désigné de DADA GBEHANZIN, car le développement est et reste un processus dialectique qui ne prend jamais fin et dont le maintien en marche demande des efforts toujours plus grands.
Je profite, pour adresser ce message à toute la descendance de DADA GBEHANZIN :
Porter fièrement le nom de Dada GBEHANZIN est un mérite. Mieux que tous, il faut être les premiers à incarner les valeurs de dignité et de patriotisme qui sont celles du souverain. Il faut chasser de nos palais les démons de la division et prendre une part active dans la consolidation de la Nation et des valeurs qui la portent. (ex : ne plus toujours attendre la mairie d’Abomey pour l’entretien de la place GOHO, le site dédié au monument de la résistance de DADA GBEHANZIN à Cana est toujours broussailleux, le projet de l’Université WANILO, ce digne fils de DADA GBEHANZIN est toujours en rêve, la route de la résistance n’est toujours pas une réalité, l’histoire de GBEHANZIN et de sa résistance encore enseignée par endroit reste celle racontée par le conquérant qui voile une bonne partie de la grandeur de l’homme) et pourtant nombreux sommes-nous (moi compris) à nous réclamer chaque jour de la descendance du roi GBEHANZIN. Mais que faisons-nous de spécial pour avoir le mérite de porter un si grand nom ? Rien.

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Maintenant, si nous voulons aider le balai désigné à réaliser un balayage conséquent, nous devons passer à l’action qui inscrit le travail fait aujourd’hui dans de la pierre afin que demain ne nous retrouve à nouveau malpropres.

NB : Quand mon oncle Roger AHOYO (DAA GOUDJEMA) aura lu ceci, je me prosterne d‘avance pour les libertés que je me suis données envers la famille. Je suis particulièrement sensible à l’œuvre de DADA GBEHANZIN parce que non seulement son sang coule dans mes veines, mais il est mon ‘’DJOTO’’, donc je suis sensé être sa réincarnation, et mieux je suis né 70 ans (jour pour jour) après qu’il ait prononcé cette fameuse phrase qui fait polémique depuis si longtemps. Je me devais de porter le débat à son vrai niveau. Ce débat est et doit rester strictement intellectuel.




 
 

 
 
 

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