Togo

Mgr Kpodzro dresse le bilan des 15 ans de Faure Gnassingbé

L’investigateur 2/05/2020 à 19:51

Dans une déclaration adressée au président togolais Faure Gnassingbé, Monseigneur Kpodzro l’invite à transmettre dans la convivialité, le pouvoir au gagnant de l’élection présidentielle du 22 février au Togo, Agbéyomé Kodjo. A en croire le nonagénaire, le successeur de Gnassingbé père ne perdrait rien en passant le témoin au vrai gagnant de cette élection. Mieux, il a fait le bilan des 15 années de gestion du vainqueur proclamé par les instances en charge de l’organisation des élections au Togo, rapporte Togotribune.
Pour ce membre du noyau dur de la dynamique Kpodzro, en 15 ans de gestion, le président togolais a gouverné dans le sang. Chiffres à l’appui, il a dressé son bilan notamment en ce qui concerne le train de vie des togolais. Pour finir, il l’invite à passer le témoin à Agbéyomé Kodjo dans sa déclaration dont voici une partie.

« En quinze ans de pouvoir vous n’avez pas totalement démérité : des acquis certains en matière d’infrastructure économique sur fond de prévarication, de prise d’intérêt illégal et de corruption, d’accroissement de la dette publique. Sous vos trois mandats la croissance moyenne du PIB réel par tête d’habitant a été de 0, 76% de 2006 à 2010, 2,66 % de 2011 à 2015 et 2,15 % de 2016 à 2020, compte non tenu des effets de la pandémie sur la création des richesses dans notre pays.

Vous avez du mal à vous arracher à une gouvernance globale médiocre. Appliqué au Togo, l’indice POLITY 2 sur la bonne gouvernance octroie à notre pays 37 points loin derrière le Bénin et le Ghana avec respectivement 84 et 89 points.

Quant à la promotion des investissements directs étrangers, elle se heurte à la faiblesse de la confiance que votre régime inspire aux hommes d’affaires : 2,5% du PIB en 2006, 5,2% des investissements bruts (FBCF) en 2015 et 1% du PIB en 2017.

Dans ce domaine, ces trois dernières années n’augurent rien de bon avec la crise politique qui secoue notre pays depuis 2017 et que vous traitez par-dessus la jambe au grand dam d’ADEBAYOR.

Et que dire du règne de la violence depuis 2005 ? Les Togolais ont-ils une dette de sang envers vous ? D’où vous vient cet esprit sacrificiel qui n’épargne même pas les enfants bien que vous soyez père de famille nombreuse ? Pourquoi tant d’excès dans l’acharnement contre notre humanité, contre notre dignité ? Quand on brûle nos marchés, quand on tire à balles réelles sur des manifestants aux mains nues, quand on abat des Togolais comme du gibier sous votre responsabilité de premier magistrat de la République, le Togo n’est plus un Etat moderne mais un Etat de nature où nous vivons tous dans l’incertitude.

Notre vie est rythmée par les crises politiques et la violence. Dans de telles conditions vous ne pouvez plus continuer à rester à la tête de notre pays. Beaucoup de sang versé depuis longtemps, des vies brisées, des rêves de jeunesse évanouis, des exils involontaires et douloureux, une violence ethnique symbolique qui corrompt les rapports humains.

Il est donc temps de vous interroger sur le sens de votre présence à la tête de notre pays. Les Togolais vous aiment et vous demandent de leur montrer ce que vous savez faire. C’est pourquoi ils votent contre vous à chaque élection présidentielle à savoir : en 2005, 2010 et 2015. Le 22 février 2020, ils ont plébiscité Agbéyomé KODJO pour marquer de façon irréversible la fin de votre aventure personnelle à la tête de notre pays.

La précipitation de la proclamation des résultats par la CENI en 2020, contrairement aux années précédentes où il a fallu en moyenne deux ou trois jours, montre à suffisance que celle-ci ne disposait pas de tous les procès-verbaux des bureaux de vote et que les résultats ont été fabriqués en toute hâte pour conjurer une défaite annoncée.

Voici donc venu le temps du passage du Togo à une ère nouvelle, celle d’une République plus fraternelle, plus solidaire et plus humaine. Pour ce faire, nous devons veiller d’abord sur l’avenir de la jeunesse et contribuer à la prospérité de nos concitoyens dans le respect des lois de la République et des valeurs morales que requièrent la gestion du pouvoir et la vie en communauté.

La loi, c’est le plus petit dénominateur commun qui nous rassemble par-delà nos origines ethniques, sociales, religieuses et familiales. C’est pourquoi, nous devons bannir la violence et les fraudes électorales de nos rapports politiques.

Je voudrais vous inviter, toute violence et tout parjure cessants, à réparer d’abord moralement les dégâts des violences qui ont secoué notre pays ces dernières semaines par une reconnaissance officielle de la victoire de Messan Agbéyomé KODJO et à lui transmettre le pouvoir dans l’intérêt supérieur du Peuple Togolais.

Vous connaissez bien votre successeur élu, Messan Agbéyomé KODJO à qui vous lient des relations de parenté et d’alliance. Vous êtes mariés dans la même maison. Vos enfants ont le même sang dans les veines. Les humeurs du corps ont des effets cosmiques insoupçonnés. Il est temps de faire triompher la raison. Rien n’est perdu pour personne. Bien au contraire, nous gagnons tous à faire triompher la Raison et à bâtir une société nouvelle.

Puisse Dieu vous accorder la paix intérieure et vous montrer le chemin de l’amour des Togolais, de tous les Togolais. « Si Dieu nous a donné son fils que ne nous donnerait-il encore ? ».




 
 

 
 
 

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