Culture

Les députés de la 9ème législature ont voté le jeudi 13 mars 2025, la loi portant cadre juridique de la chefferie traditionnelle en République du Bénin.

Reçu dans une interview réalisée par Fraternité, Dr. Léon Bani BIO BIGOU, Professeur Titulaire des Universités dans l’espace CAMES et auteur de plusieurs propositions de loi s’est prononcé sur le travail fait par les élus du peuple. Par rapport à ce qui concerne le vote de cette loi pour les parties méridionale et septentrionale de notre pays, le Professeur Léon Bani BIO BIGOU a déclaré que “c’est une disposition légale importante et indispensable dans la mesure où notre pays connaît de nombreuses déviances dans les structures traditionnelles”. Il a souligné que “ le Bénin a vraiment besoin de cette loi pour une raison très simple : toute société humaine existante vit et évolue sur des principes et des règles, d’hier à aujourd’hui. Tout type d’organisation humaine évolue sur des principes ayant plusieurs dénominations à travers les structures sociales, culturelles, cultuelles, spirituelles, religieuses et économiques où des individus ou groupes d’individus ont leur place”.

Pour lui, “sans règle, sans ordre, sans intercompréhension, pas de société, dit-on”. Il a indiqué que “pour n’avoir pas eu une Loi spécifique sur la chefferie traditionnelle, le Bénin est devenu un pays « où tout le monde est Roi »” et que “pour arrêter une si grave déviance il n’y a que la loi, sans quoi le pays ira de déviances en déviances, pour compromettre totalement les voies de développement économique durable dont les peuples ont besoin”. A la question de savoir si la loi ne viole-t-elle pas la notion de généralité qu’engendre la non reconnaissance de certaines chefferies ? Le Professeur Titulaire des Universités dans l’espace CAMES a répondu que “toute organisation sociale, quelle que soit sa taille, a ses principes sur lesquels elle évolue. C’est dans ce sens qu’il ne faudrait pas confondre des erreurs ou insuffisances d’imaginations à certains niveaux des couches dirigeantes ayant tendance à négliger ces types de société. Il faut tenir compte des réalités des sociétés traditionnelles béninoises. La loi, si elle est bien prise, ne doit omettre aucune couche à travers son contenu et ses décrets d’application”.
Parlant du fait l’ État a redonné à la chefferie traditionnelle sa place qu’elle occupait par le passé, le spécialiste des traditions et coutumes a signifié que “nos sociétés traditionnelles avant, pendant et après la colonisation étrangère française ont connu des bouleversements” et qu’ “avant la colonisation, les peuples étaient les initiateurs de leurs propres structures qui ont connu des interpénétrations à travers les guerres, les confrontations ou les relations diplomatiques ou d’amitié”. Il a précisé que “c’était entre eux, hommes noirs, qui concevaient et géraient leurs structures relationnelles de diverses natures”. “A leurs propres contradictions vient se greffer la pénétration française ayant exploité à fond les contradictions traditionnelles internes des peuples en développant une stratégie consistant à s’approcher du plus faible pour affaiblir le plus fort avant de placer les deux sous sa domination “ explique-t-il avant d’ajouter : “L’Etat étant une création du dominateur externe, il a cette tendance de vouloir placer sous sa coupe ou sa domination les structures traditionnelles. C’est dans ce cadre qu’il faudrait rester vigilant par rapport à la position de l’Etat dans les rapports qui le lient aux chefferies traditionnelles”. 

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L’investigateur

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