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Jihadisme : les défis qui attendent le Bénin, l'analyse d'un spécialiste des questions sécuritaires

L’investigateur 8/12/2021 à 21:43

« Il n’y a pas que les djihadistes du Sahel qui ont le Bénin dans leur champ de mire. Le groupe Boko Haram fait également des tentatives de pénétration via nos frontières nord-est… ». Une semaine après la double attaque terroriste essuyée par les forces armées béninoises dans le septentrion, Edgard Kpatindé, Spécialiste des questions de sécurité globale livre son analyse sur les défis sécuritaires du Bénin.

À quel niveau de menace fait face le Bénin ?

Comme certains de ses voisins, le Bénin se trouve à son tour confronté à un sérieux défi sécuritaire. Depuis mai 2019, les attaques djihadistes vont crescendo. Dans l’intervalle d’une semaine, le Bénin a connu deux attaques d’une rare violence. La première, le mardi 30 novembre passé, au niveau du Pont Kérémou dans la partie septentrionale du pays. La seconde a eu lieu dans la nuit du premier au 02 décembre dans la région de Porga, avec comme cible privilégiée l’armée de terre.

Le bilan de cette dernière attaque s’est d’ailleurs alourdi puisque l’un des valeureux soldat de l’armée de terre a succombé à ses blessures il y a quelques jours. Nos premières pensées vont aux familles qui ont perdu les leurs. Cela dit, lorsque vous observez attentivement la situation, quelques constats s’imposent : ces groupes ne sont pas installés de façon permanente sur le territoire béninois. Ils circulent, font des excursions-test, viennent même se ravitailler.

Les attaques de ce début de mois de décembre montrent que le Bénin est vulnérable sur son flanc nord-ouest, qu’en est-il des autres frontières ?

Il n’y a pas que les djihadistes du Sahel qui ont le Bénin dans leur champ de mire. Le groupe Boko Haram fait également des tentatives de pénétration via nos frontières nord-est, à partir de Décra qui est un petit village nigérian. Les populations qui vivent de l’agriculture font face à un dilemme. Dans les zones de Kalalé, Ségbana, Nikki par exemple, les populations ne peuvent plus cultiver car la forêt désormais classée leur est interdite. Ce qui fait qu’elles sont obligées de se rendre sur les terres nigérianes pour cultiver. Le Nigeria les accepte certes, mais pour combien de temps ? De plus, lorsque vous donnez à manger à des populations devenues presque nomades, vous pouvez faire d’elles ce que vous voulez. Il est urgent de s’attaquer à ce problème. Les groupes terroristes cherchent à s’ingérer dans les conflits communautaires du nord du Bénin qu’ils instrumentalisent à leur profit. Au cours des trois dernières années, on a pu recenser une hausse de plus de 45% des incidents et des heurts violents dans la partie septentrionale du pays. Plus généralement, les zones de pénétration ou d’infiltration sont Karimaman, Malanville, Madekali, Samia (frontières nigériane), Séwan, Ségbana, Kakalé-basso, Boumoussou. Mais aussi de petits villages qui sont discrets mais sont sensibles : Lougou, Morou, Douéya, Libatin pour en citer...




 
 

 
 
 

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