Bénin

Départ du pouvoir en 2026 : la réaction du journaliste Kindoho à la décision de Talon

L’investigateur 13/07/2021 à 13:42

La décision prise par Talon le samedi 10 juillet 2021, quant à son départ du pouvoir en 2026, continue de susciter des commentaires. Le dernier en date est celui de l’ancien journaliste de l’Office de Radio et Télévision du Bénin (ORTB), Déo Gratias Kindoho. Profitant d’une tribune publiée sur sa page facebook et intitulée « Croyons le ou pas », il est revenu sur les propos tenus par Talon qui a fait du mandat unique, à son arrivée au pouvoir en 2016, une obligation. Mais par la suite, a-t-il développé dans son argumentaire, il rempilera pour un second mandat. En tout cas à travers sa tribune, il émet des réserves quant à la sincérité de la parole du président. Lire sa tribune.

CROYONS LE OU PAS
Ça fume encore, tant c’est chaud. En campagne électorale et à son investiture en 2016, le Chef de l’État béninois avait déclaré à maintes reprises qu’il n’exercera pas plus qu’un mandat. Puis dans son premier entretien avec la presse nationale en tant que président de la République, il avait martelé que - quoiqu’il arrive, même s’il ne parvient pas à inscrire le principe du mandat unique dans la Constitution béninoise conformément à ses vœux - il s’y soumettra à titre personnel, pour démontrer à ses compatriotes qu’en cinq ans, « on peut faire le job ». Cinq ans plus tard, il rempile sans avoir jamais pu expliquer à ses compatriotes pourquoi il a échoué à faire le job en cinq ans, au point qu’il faille renier l’engagement auquel il avait solennellement et publiquement souscrit.
Le 10 juillet 2021 à Cotonou, s’adressant au 3è sommet citoyen ouest-africain sur la bonne gouvernance – un conglomérat de discoureurs et autres beaux parleurs qui n’ont déjà aucune confiance en eux-mêmes, sauf leur respect – Patrice Talon s’est à nouveau engagé à quitter le pouvoir au terme de son (deuxième) mandat censé être le dernier, après avoir été interpellé par les participants à ce sommet, au sujet de l’épidémie hautement dangereuse du troisième mandat qui gagne du terrain dans la sous-région. On ne devrait pas blâmer ceux qui sont contre la limitation des mandats présidentiels, réagit Patrice Talon. À l’écouter, les arguments développés par les partisans du troisième mandat ne manquent pas de pertinence. Mais n’allons surtout pas imaginer qu’il relève cela pour lui-même. À titre personnel, il n’entend pas aller au-delà de deux mandats. « Au Bénin, ce n’est plus quelque chose d’extraordinaire, l’alternance et la limitation des mandats... Mes prédécesseurs l’ont montré. J’ai simplement à faire comme eux afin que ceux qui vont venir après continuent de faire comme eux », assure M. Talon. Devant une salle clairsemée – la faute au Covid-19 et à la distanciation physique – il a juré qu’il passera le témoin en 2026 « à celui qui aura la confiance du peuple ». Ovations nourries de son auditoire. Il faut si peu pour les conquérir.
Le chef de l’État n’a qu’une parole et la confiance du peuple, ça le connaît ; lui qui se reconnaissant impopulaire auprès des Béninois, s’est quand même porté candidat à sa propre succession et s’est fait élire à plus de 80% des voix, avec un taux de participation de 50%. Beaucoup en ont ri, jusque dans son camp. Il n’y a rien eu à se mettre sous la dent le jour du scrutin, à part les bourrages d’urnes au vu et au su de tous, filmés et documentés. Jour de deuil ! Le ridicule de la situation avait poussé le gouvernement, à travers les portefaix qui lui servaient de porte-voix, à un peu de scrupule. Du moins à un simulacre de gêne. Les actes de bourrage et de tripatouillage étaient trop ignobles pour être ignorés ou tus. D’abord, on les a mis à la charge de gens qui seraient contre le processus électoral et qui voudraient salir l’honneur du pouvoir en place. Ensuite, on a annoncé des enquêtes pour identifier et assigner les "saboteurs". Trois mois se sont écoulés et silence radio ! Il y avait plus urgent : donner la chasse et organiser la capture de certaines têtes qui ont fait foirer le vote du 11 Avril 2021. Pas les bourreurs d’urnes, loin de là. Plutôt les boudeurs d’urnes. Ceux que le pouvoir dit de la rupture accuse d’appels au boycott, de trouble à l’ordre public, de violences et de terrorisme. Il en a arrêté en amont et en aval. Leurs avocats prient pour avoir accès au prétoire, le jour de leur procès, quand ils pourront enfin comparaître quelque part.

D G K




 
 

 
 
 

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