Coup de Poing

Comme une bouteille à la mer !

Appolinaire GOLOU 23/11/2019 à 13:02

Telle une traînée de poudre, la nouvelle, dans les tuyaux depuis quelques semaines s’est enfin répandue. Dadjè FC aurait changé de mains. Sur les médias sociaux, les collectionneurs d’informations en font leur chou gras. Les fans du foot dans le département de provenance du club, c’est-à-dire le Couffo en raffolent. A nouveau sous les projecteurs après la récente CAN (ndlr chef de délégation du Bénin au Caire), le Ministre du Tourisme, de la Culture et des Sports, Oswald Homéky suscite de par son probable futur rôle, curiosité et admiration. Curiosité d’une part, pour ceux qui cherchent à confirmer la nouvelle liée à son acquisition de Dadjè FC d’Azovè (club de D2 du Couffo). D’autre part, une admiration pour ceux qui sont certains que son arrivée dans le football apporterait une plus-value en termes d’investissements. Mais en attendant la confirmation ou le démenti de l’information, on conjecture d’ores et déjà pour dire qu’il sera la saison prochaine, le compagnon idéal du maire de la commune de Lalo, William Fangbédji, promoteur de AS Tado, club de D2 du Couffo également. « Dis moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es », dit-on. Après son rôle ultra important (ndlr interprété selon chaque chapelle) dans le règlement de la crise du football béninois, l’ancien responsable du club de Cadjèhoun (ex-équipe participante au Tournoi Affossogbé de Rafiou Gazaliou) a choisi d’exprimer sur le terrain d’investissements, son amour pour le cuir rond béninois. Vampirisé naguère par une équipe qu’on a, à tort ou à raison, envoyée sur les roses à la faveur de l’Assemblée générale élective d’août 2018, le sport roi béninois offre, semble-t-il, désormais de garanties sous la Rupture. Avec au passage des accessits intéressants (ndlr plus d’un 1/2 milliard de l’État aux clubs chaque saison) qui fondent l’espoir aussi bien des pratiquants que des promoteurs de clubs ou de centres de formation. De surcroît, l’émulation suscitée en interne et le coup salvateur de projecteur reçu à l’international au lendemain de la prestation héroïque des Ecureuils à la CAN 2019 convainquent l’État central qui reconnaît dorénavant que le langage du football est plus universalisé que la diplomatie dans sa quintessence. Dans cet élan, le ministre Oswald Homéky a décidé de sauver à travers Dadjè FC, le département du Couffo. Après le coup de semonce, assorti d’un accouchement du comité exécutif à la Fbf au plan national, il va au secours d’un département qui traîne dans les labyrinthes du sport roi béninois à l’étage inférieur. Malgré les efforts des promoteurs de AS Tado ; des Vautours FC, emportés par les flots des crises cycliques qui ont des années durant, mis le football béninois sous éteignoir. Sans être dans le secret des dieux, on peut à raison, se demander sous quelle forme la cession définitive de Dadjè FC, comme l’annoncent les rumeurs, a-t-elle été faite au nouvel acquéreur ? Ou bien si le Ministre Homéky en est-il devenu l’actionnaire majoritaire ou juste un mécène ? L’ancien maire de la commune d’Aplahoué, Casimir Sossou et ex-président du club a-t- il enfin jeté le manche après la cognée ? Une certitude, tel un naufragé du désert, l’étreinte s’est resserrée autour de Casimir Sossou alors qu’il avait pourtant tout misé sur le club. Même le transfert de Mohamed Aoudou, l’unique buteur du mémorable match Bénin vs Ghana (ndlr 11 octobre 2009, éliminatoires combinées CAN/Coupe du monde 2010), n’a guère servi d’hypothèques pour faire face aux défis du temps.
Tirons le rideau sur cette parenthèse, pour admettre qu’il est justifié qu’« en se frottant aux étoiles, on finit par devenir luciole ». Et que logiquement, les têtes-à-têtes avec les acteurs du foot béninois et le côtoiement des sommités du foot africain à la CAN ont peut-être donné des idées au ministre des sports. Conséquence, il vient donner un coup de main salvateur au club et entrera à coup sûr dans le cœur de ses supporters au même titre qu’un homme offrant une fleur à sa femme.
Toutefois, est-il venu juste pour une œuvre de salubrité ou apporter un plus en termes de management à Dadjè FC ? Continuera-t-il par tisser la nouvelle corde au bout de l’ancienne, impropre au « Foot Business » ou faire du neuf avec du vieux ? A-t-il envisagé une pépinière pour ce club aux fins de capitaliser les investissements à la longue ou s’est-il jeté à l’eau simplement pour satisfaire un désir ?
En réalité, il est vrai la prestation, disais-je plus haut des Ecureuils à la 32ème CAN a transfiguré le football béninois et aiguise désormais les appétits. Mais, il reste que la proclamation du deuil de la République de Cocagne dans laquelle vivaient les acteurs de ce sport auparavant ne suffit pas à lui seul pour le sortir de sa chrysalide. Le management des clubs demeure une autre école pour tous sans exception. La preuve, quelques-uns parmi ceux qui y étaient avant le probable nouveau propriétaire de Dadjè FC ont compris et admettent déjà que « détenir un gros marteau ne suffit pas pour considérer tous les problèmes comme des clous ». En d’autres termes, seuls les gros moyens financiers ne suffisent pas pour faire d’un club, une institution, la vraie. En plus de cela, il faut mettre en place une organisation structurante, gage d’un lendemain radieux pour le club. Unique salut pour que la bouteille lancée à la mer ne nous ramène une cuillère de bois, mais qu’on soit en mesure de danser le scalp, au décompte final. Il est certain que la prestation inattendue des Jaunes au Caire a chanté le requiem de l’amateurisme, semble-t-il, et annoncé l’apocalypse du mécénat dans le sport béninois. Ce qui entretient à nouveau nos rêves qui jadis se fondaient telle une bulle de savon au contact du soleil. Si c’est vrai, place alors au "Foot Business" comme l’indique le dernier fait en date : la délivrance de licences fédérales aux joueurs formés dans les centres.
A tout point de vue, avec l’arrivée probable du ministre dans le secteur, la concurrence risque d’être un poil plus accrue au plan investissement et du merchandising à la tête de plusieurs clubs. Sauf qu’il lui reviendra de se transcender pour vaincre ce satané sort qui condamne le football béninois en général et celui de son département, le Couffo en particulier : la mauvaise organisation.
Au-delà des supputations ou hypothèses, son introduction dans ce milieu offre multiplement d’atouts au football et élargit l’éventail des investisseurs. L’exemple le plus probant demeure le volley-ball. Ce sport de main dont l’un des meilleurs clubs, Allada VBC, reste depuis quelques années sous l’oxygénation de l’un des dignes fils de la Cité des Adjahouto, l’ancien ministre des sports, Didier Aplogan. Le sport rime bien évidemment avec les gros moyens, mais...
C’est ce que je pense.




 
 

 
 
 

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