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Code électoral « C’est l’une des rares fois qu’une initiative intellectuelle suscite autant de débats »

Deo Gratias HOUNKPATIN 6/05/2024 à 19:15

Le récent colloque organisé par l’Église catholique sur le code électoral a déclenché un vif débat sur ses implications et ses objectifs. Le Père Rodrigue Gbédjinou est revenu sur les principales motivations de cette initiative, ainsi que les critiques générées par la non-invitation de la Commission des lois à l’Assemblée nationale. Il a répondu aux accusations d’un rapprochement de l’Église de l’opposition.

Le colloque, qui s’est tenu le jeudi 25 avril dernier à Cotonou, avait pour but de fournir à l’Église catholique, les éléments nécessaires pour mieux appréhender le contenu du Code électoral. C’est ce qu’on retient d’une une interview accordée à Bénin Intelligent par le Père Gbédjinou. Il a aussi répondu aux diverses interrogations soulevées par cette initiative. "L’étude de ce Code électoral avait pour objectif de mieux le comprendre, pour apprécier s’il porte réellement des gênes de crise, comme le prétendent certains.

C’est une inquiétude légitime de citoyens (les fils et filles de l’Église le sont à part entière) et d’instance morale que constitue l’Église. Si ce service de veille et d’anticipation, fondé sur une analyse rationnelle, perturbe autant, c’est donc qu’il y aurait des intentions cachées ou des plans occultes. L’Église, par ce colloque, a joué un rôle de gardien du temple, de veilleur et de prophète. Gouverner, c’est prévoir", a-t-il dit.
En ce qui concerne des propositions selon lesquelles des acteurs souhaitent l’application du code pour déduire les conséquences, le prêtre s’interroge. "Face à l’enjeu, toute passivité ne serait-elle pas un péché par omission ? La douloureuse expérience des élections de 2019, malgré tout le parcours de promulgation des lois qui y ont conduit, nous l’interdit." Le Père Gbédjinou a défendu le choix de n’avoir invité la Commission des lois du Parlement.

"Les intentions du législateur ne sont pas inconnues : au sens positif et apparent, disposer des partis nationaux et forts ; au sens négatif et réel, maîtriser les élections de 2026, ce qui est aussi légitime pour tout acteur politique. Mais si l’Église avait recouru à cette méthode, le débat aurait été confiné dans des joutes politiques : chaque tendance politique réclamerait qu’on lui accordât la parole. Cette option n’aurait certainement pas permis une réflexion sereine.

Mieux, même les membres de la Commission des lois du Parlement ont aussi besoin d’entendre des analyses pertinentes sur leur produit", a-t-il confié. Selon le docteur en théologie dogmatique et spécialiste des relations Église-État, "c’est l’une des rares fois qu’une initiative intellectuelle suscite autant de débats. C’est certainement un indice. Et par ailleurs, notre pays avec la culture intellectuelle qui distingue plusieurs de ses membres ne mérite pas qu’on tombe si bas dans le mépris de l’intelligence en indiquant de quelle manière, par quelle méthode et avec qui il faut réfléchir sur certains sujets."

Y-a-t-il rapprochement entre l’église et l’opposition politique au régime actuel. "Quand une déclaration, une exhortation et une recommandation de l’Église n’arrangent pas un camp, celui-ci l’accuse de supporter l’autre camp. La permanence de cette accusation révèle plutôt la grave conscience que l’Église a de sa mission sociale : elle est du côté du faible, des opprimés, de la veuve et de l’orphelin, et elle apprécie les faits selon la vérité, selon la raison droite, suivant les recommandations", a-t-il laissé entendre.

Avant de souligner l’importance du débat que suscite un débat intense. Les béninois selon leur riche culture intellectuelle, méritent de dialoguer sur des sujets d’intérêt commun.




 
 

 
 
 

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