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Chronique : LE JEU DE HOUNGBEDJI

L’investigateur 11/02/2025 à 15:18

Par Olivier ALLOCHEME

Adrien Houngbédji demande à reprendre son logo. Lors de sa rencontre avec la direction de l’UPR la semaine dernière, il n’a pas manqué de marquer son désaccord, tout en montrant les signes clairs de sa mésalliance. Résultats, ce week-end, le slogan « Tchoco Tchoco ! » a été ressorti des placards. Et c’est Me. Houngbédji lui-même qui l’a scandé à l’ancienne. Les jeux ont commencé pour 2026.

A vrai dire, peu d’observateurs sont surpris par le cours des choses. Je l’avais moi-même dit ici lorsque la fusion du PRD au sein de l’UP avait été annoncée, en août 2022. J’avais écrit précisément : « tout le monde sait le jeu du PRD qui vient pour un but précis et repartir sans état d’âme. »

L’histoire politique de ce pays est faite d’alliances de circonstance, nouées essentiellement pour des raisons électorales. La réforme du système partisan était censée résoudre cet opportunisme. Mais on aura oublié trop tôt que pour parvenir à une véritable réforme, il faut d’abord que les acteurs croient en des valeurs profondes qui fondent leurs actions publiques. L’opportunisme ou le pragmatisme n’a jamais été porteur de valeurs en politique.

L’UDBN de Claudine Prudencio est sortie du BR aussi vite qu’elle y est entrée. Aujourd’hui, sa présidente qui a créé entre-temps le RN, a même été promue pour être ministre-conseiller à la santé. Belle promotion pour la réforme du système partisan !

Les mauvaises langues disent même que le leader du PRD est en courroux pour n’avoir obtenu pour ses partisans aucun poste de ministre-conseiller. Et son coup de sang a permis de rappeler que pour les dernières communales auxquelles il a effectivement participé, le PRD avait battu le BR et l’UP réunis, dans Porto-Novo et sa région. Malgré tous les goudrons et tous les marchés construits dans la ville par Patrice Talon.

Ce n’est donc pas pour rien que l’UPR s’est empressé de nommer Christian Parfait Ahoyo porte-parole du parti, en espérant que Me. Houngbédji se calme. Christian Parfait Ahoyo, faut-il le rappeler, est l’assistant du président du PRD. Le jeu d’équilibrisme qui lui a valu sa nomination hâtive n’échappe à personne.

On veut l’amener à brider les élans de son mentor. Et c’est clair que le jeu échappe désormais à la mouvance.
Me.Houngbédji veut reprendre sa liberté de manœuvre. Et pour une raison toute simple. Les élections de 2026 s’approchent et il doit avoir son mot à dire. Comme d’habitude. Mais cette fois-ci, il risque d’y perdre des plumes. Ceux qui ont conçu la réforme du système partisan connaissent bien les ruses propres aux acteurs.

Mais il faut se demander si on a pris la peine d’exiger du PRD en 2022 une déclaration de fin d’existence. En l’occurrence, au-delà des déclarations publiques que l’on sait, le ministère de l’intérieur a-t-il délivré au PRD un récépissé de fin d’existence ou une pièce en tenant lieu ?

Si tel n’a pas été le cas, il faut s’attendre à tout. Connaissant le maitre de la Rupture, il a probablement fermé à Me. Houngbédji toute possibilité de renoncement à sa parole. Il est vrai qu’en l’occurrence, l’UDBN n’a jamais retrouvé son nom, ce qui l’a contraint à devenir RN.
Il faut compter sur le gouvernement pour ne reconnaitre ni un quelconque PRD nouveau encore moins le logo arc-en-ciel. Pire, pour les législatives de 2026, si Me. Houngbédji se précipite dans une initiative de renaissance d’un parti déclaré inexistant, quel sera son sort ? Une autre question : après avoir passé les deux quinquennats au sein de la mouvance, aura-t-il encore une quelconque crédibilité s’il décidait de s’allier à l’opposition pour les législatives prochaines ? Je dis non ! Me. Houngbédji n’ignore pas que la mouvance actuelle a la main lourde pour punir de tels errements. Et je ne vois pas comment il s’en sortirait, s’il décide de faire le jeu de l’opposition. S’il prend le risque de se dédire aujourd’hui, c’est toute la machine de la mouvance qui se retournera contre lui. On connait très bien comment les listes Démocrates ont dû être purgées de candidats potentiellement dangereux pour la mouvance aux législatives de 2023.
Me Houngbédji sait bien que ce cas de figure peut bien se répéter, cette fois-ci contre lui.




 
 

 
 
 

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