Actualités

Célébration des noces de Lilas du Bénin : Ce que j'attends du président Talon

L’investigateur 31/07/2023 à 11:48

Par Alexis AZONWAKIN

Mardi 1er août 2023, tous les projecteurs de l’actualité nationale et internationale seront tournés vers le Bénin pour la célébration des 63 ans de son indépendance et de son accession à la souveraineté internationale. Pour la circonstance, tout le pays fait sa toilette pour fêter ses noces de Lilas, fleur souvent montée en chapelet pour accompagner les pèlerins ; à table, elle parfume les plats, apporte une touche de gaieté dans les salades et autres accompagnements grâce à sa couleur lumineuse, réduit l’hypertension sur le long terme. Agréable à la vue, elle est une fleur anti-âge et possède de bienfaisantes vertus pour l’épiderme. C’est donc sous le signe de l’amour, du pardon, de l’acceptation de l’autre, de la gaieté, de la convivialité que tout le peuple béninois va convoler en justes noces pour se dire à nouveau, *« OUI POUR LE MEILLEUR ET CONTRE LE PIRE. »*
Et comme on peut bien s’en douter en de pareilles circonstances aussi pathétiques que solennelles, le chroniqueur que je suis retient son souffle et son cœur bat la chamade, qui ne signifie rien d’autre que l’emballement qu’il subit sous le coup d’une émotion importante, ou l’affolement du rythme cardiaque à la cadence des battements d’un tambour.
Mon intime conviction est qu’à nouveau, la providence offre au chef de l’État du Bénin, Son Excellence le président Patrice Talon, une belle occasion de rentrer définitivement dans l’histoire. Et puisqu’il a souhaité être porté en triomphe à la fin de son mandat, c’est aujourd’hui qu’il doit inscrire en lettres d’or sur les belles pages de l’histoire politique de notre pays, l’acte héroïque qui lui déroulera définitivement le tapis de cet honneur. Un seul geste, gracier tous les prisonniers politiques à l’occasion de la célébration des 63 ans d’indépendance de notre pays. C’est ce qu’attend le chroniqueur que je suis du discours du Premier magistrat du Bénin, le lundi 31 juillet, veille de la célébration de ces moments de communion entre un chef et son peuple.
Quelle image anthologique et fabuleuse de voir Reckya MADOUGOU, Joël AIVO et la cohorte de tous les acteurs politiques, qui pour une raison ou une autre, liment depuis des lustres, leurs dents contre les cellules de leurs prisons enfin libres, franchir la dernière marche de leurs lieux de pénitence, tel Nelson MANDELA ce 11 février 1990, après plus de 27 ans passés en détention dans la prison de Robben Island. Les images de cette journée resteront à jamais gravées dans la mémoire de ceux qui les ont vues. Le pays fut en liesse et le drapeau sud-africain fut partout hissé au panthéon de la gloire. Voilà ce que je demande avec tout le respect dû à son rang à notre Père de famille, le Président Patrice TALON. Pour ne lui avoir rien demandé depuis son accession au pouvoir en 2016, j’implore qu’il plaise à son indulgence et à sa magnanimité, de bien vouloir accéder à ma demande. En référence à la Bible, *« nul père ne donne une pierre à son fils, s’il lui demande du pain, ou lui donne un serpent s’il lui demande du poisson. »*
Tous les Béninois devront ployer les genoux et joindre leur voix à la mienne pour chanter à l’unisson l’hymne du pardon, en souhaitant, que la célébration des 63 ans d’indépendance de notre pays, offre à tout le peuple béninois, l’occasion de réunir à nouveau, les conditions d’une décrispation du climat socio-politique dans notre pays. Notre vivre ensemble qui a du plomb dans l’aile depuis quelques années doit être remis au goût du jour pour qu’enfin, l’amour triomphe de la haine, l’humanisme de la barbarie et la raison de la démence. La loi du Talion *« œil pour œil, dent pour dent »* ne nous mènera nulle part ; elle nous rendra tous aveugles.
Oui aveugles sommes-nous depuis quelques années déjà, parce que nous avons cédé à nos pulsions sauvages et grégaires. Au point où, notre humanité est devenue pour nous ce que l’animalité est à l’animal. C’est-à-dire, des frères qui comme dans une jungle, peuvent prendre les armes les uns contre les autres. La violence devenant notre anesthésiant social, nous avons banni le sérieux de l’existence et tourné en dérision, tout ce qui avait pour nous une valeur élevée. Oui nous avons hélas entretenu une constante apologie de la légèreté et de la médiocrité, de sorte que l’euphorie de la barbarie est devenue le standard de notre bonheur, le modèle de notre épanouissement. Et nous voici devenus nous-mêmes assassins de nos propres valeurs.
Une question cruciale se pose à chacun de nous aujourd’hui : Béninois, quelle vision avons-nous maintenant de notre destin commun ? Avons-nous réussi ces grandes mutations politiques lors de l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation en février 1990, pour être aujourd’hui des zombies et des loups les uns contre les autres ? Il nous faut retrouver notre voie, et de nos voix qui appellent au dialogue et à la réconciliation, armons-nous d’un supplément de patriotisme pour réapprendre les vertus du droit à la différence et de la cohésion nationale. *« Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie et sans perdre un instant, te mettre à rebâtir, tu seras un homme, mon fils. »* Ces propos de feu professeur Albert TEVOEDJRE dans son rapport général de la conférence nationale, et qui nous avait aussi rappelé l’œil de la conscience qui met en scène les deux frères Caïn et Abel nous interpellent tous.
Notre commune cité est en ruine et nous devons en rebâtir les murailles. Dans cette œuvre de salut national, nul ne sera de trop. L’heure a sonné et nous devons choisir de renaître de nos cendres pour redevenir de véritables hommes, compatissants, tolérants et même prévenants. Samuel AZARKOZIAN, dans son ouvrage *« le pardon, une puissance qui libère »,* en donnait une extraordinaire définition. Il est le parfum qu’exhale la fleur sous le talon de celui qui l’écrase. A l’heure où nous sommes parvenus, nous devons parler d’une même voix, accepter de nous réconcilier et apprendre à regarder dans la même direction.
Et pour cela, chacun doit tourner dos à son égo, à son Moi si haïssable et si détestable pour ne voir, que seule la patrie. Voilà ce qui fonde mon cri de cœur pour un nouvel ordre social dans notre pays. Le Président Patrice TALON doit laisser parler sa fibre divine et paternelle, puis se dire que dans cette guéguerre, nul d’entre nous n’a rien gagné, si ce ne sont que chaos moral, déchirement, animosité, division et forfaitures. On n’a pas besoin de l’autorisation de celui qui se noie pour aller à sa rescousse. Le peuple béninois est en train de se noyer et notre chef à nous tous à l’obligation, comme un matelot, de plonger dans les hautes mers de nos divergences, pour nous sortir la potion magique.
Tout le peuple béninois vous en conjure, donnez-nous un signal fort à l’occasion de cette célébration. Quelle délivrance pour tout un peuple d’entendre dans votre discours du 31 juillet, qu’au nom de la grâce présidentielle tous les exilés politiques pourront enfin fouler à nouveau la terre de leurs aïeux. La joie qui en découlera n’aura pas son pareil. Vous ne serez pas le premier ni le dernier à le faire, et il n’y a rien d’humiliant dans un tel geste aussi élégant. Ce ne sera ni faiblesse, ni capitulation. Vous en avez les ressorts.
Nous ne nous faisons point d’illusion. Des croque-morts, en permanent conflit avec les lois de la nature et ayant tourné dos à la lumière de la civilisation de la race des nobles à laquelle vous appartenez, (en témoignent votre style, votre élégance et votre haute culture), vous souffleront de crier haro sur le baudet. Tels des louangeurs incirconcis aux prépuces puants, ils vous diront comme dans « les animaux malades de la peste » de la Fontaine que : *« vos scrupules font voir trop de délicatesses »* et que le berger est digne de tous maux.

*Excellence Monsieur le Président,*
Tournez dos à leur dérision. Car d’apparence humaine, ils ne sont en réalité que des pieuvres aimant se désaltérer du sang réfrigéré de leur semblable.
En de pareilles infortunes, voyons tous sans indulgence l’état de notre conscience pour sauver notre patrie commune. Je retiens ceci de Paulo COETHO : *« il est malheureux que les gens ne voient que les différences qui les séparent. S’ils recherchaient avec plus d’amour, ils discerneraient surtout ce qu’il y a de commun entre eux, et la moitié des problèmes du monde seraient résolus. »* Je sais aussi que nous serons capables de grandeur d’âme et d’élévation d’esprit pour nous pardonner réciproquement. Si nous échouons, Martin Luther KING, l’apôtre de la non-violence pourra dire : *« Nous avons appris à voler dans les airs comme des oiseaux, à nager dans les océans comme des poissons. Mais nous n’avons jamais appris à marcher sur terre comme des frères. »*

*C’est pourquoi au nom de la PAIX, je plaide … !*




 
 

 
 
 

Autres publications que vous pourriez aimer





Dernières publications





Facebook