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Bénin : Pourquoi une amnistie est inacceptable pour les acteurs politiques

L’investigateur 27/03/2023 à 20:54

JEM

La question est importante et délicate pour le Bénin, même la décision pourrait être prise entre une centaine de personnes. Il s’agit de la proposition de loi d’amnistie pour les acteurs politiques en prison ou en exil pour des faits criminels ou délictuels liés aux élections, sur la période de 2017 à nos jours.

Nous sommes conscients que cette initiative peut susciter des débats passionnés et divergents, mais il est important que nous en comprenions les enjeux et les implications. Trois anciens présidents de la république, SOGLO, YAYI et TALON, sont divisés sur le sens à donner à la lutte contre la corruption et le terrorisme. Pourtant, il est primordial que nous réfléchissions à cette question avec sérénité.

Le parti d’opposition Les Démocrates a annoncé vouloir introduire au parlement une proposition de loi spéciale portant amnistie pour les personnalités politiques concernées. A première vue , rien d’anormal, puisqu’il s’agit en grande partie, des soutiens politiques de l’opposition. L’abandon des charges retenues contre ces personnalités politiques, ou leur libération renforcerait leur combat. De plus, elles sont toutes des béninois, nos frères et sœurs, que nous devons traiter et reconnaître comme tels.

Cependant, il est important de rappeler les accusations qui pèsent sur ces personnalités politiques. Réckyath Madougou est accusée de tentative de déstabilisation de l’Etat, en travaillant avec des groupes terroristes et de pression étrangers pour tenter de renverser le gouvernement du Bénin. Joel Aivo est accusé de participation à une bande armée, d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat et de blanchiment de capitaux. Valentin Djenontin et Amadou Djibril Komi Koutché sont accusés de légèreté dans la gestion de la filière coton à la Sonapra, occasionnant une perte énorme à l’Etat. Léhady SOGLO est accusé de mauvaise gestion à la mairie de Cotonou. Toutes ces personnes ont en partie été accusées de corruption, de détournement, d’enrichissement illicite, et sont actuellement en France ou ailleurs.

Il parait important de souligner dans ce contexte marqué l’éradication du vice sous toutes ses formes, que les acteurs politiques ne devraient pas bénéficier d’un traitement de faveur pour des actes criminels et économiques, alors que des fonctionnaires et des acteurs proches du pouvoir restent en prison pour les mêmes faits. La justice ne doit pas être sélective, et la proposition de loi d’amnistie pour les acteurs politiques est une initiative dangereuse. Elle pourrait renforcer le sentiment d’injustice au sein de la population et alimenter la défiance envers les institutions et la classe politique.

Il est temps de mettre fin à l’injustice et à l’impunité dans notre pays. La justice doit être équitable pour tous les citoyens, quels que soient leur rang social ou leur position politique. Les acteurs politiques qui ont commis des actes de corruption ne devraient pas bénéficier d’un traitement de faveur. En 2019 déjà, une loi d’amnistie avait été adoptée après un dialogue national pour promouvoir la réconciliation. Pourtant, ceux qui devaient être les principaux bénéficiaires avaient boycotté ce dialogue.
La société civile a un rôle crucial à jouer dans ce débat. Elle doit faire entendre sa voix et sensibiliser l’opinion publique sur les dangers d’une loi d’amnistie pour les acteurs politiques. Les rois, chefs religieux, leaders traditionnels, les jeunes et tous les citoyens doivent s’engager dans un plaidoyer contre cette proposition de loi.

Ils doivent travailler avec les médias et les organisations de la société civile pour éclairer l’opinion publique sur les enjeux de cette loi et son impact potentiel sur la lutte contre la corruption. La société civile doit également s’assurer que les citoyens sont bien informés des implications de cette loi.
Enfin, il est impératif que le gouvernement renforce les institutions chargées de lutter contre la corruption. Les enquêtes doivent être menées de manière indépendante et impartiale, sans pression politique ni intervention extérieure. Les institutions doivent être en mesure de poursuivre les auteurs présumés de corruption sans crainte de représailles. En outre, le gouvernement doit rassurer la population quant à sa volonté de lutter contre la corruption et de garantir l’équité et la justice pour tous les citoyens.




 
 

 
 
 

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