Les candidats à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) sont connus après la clôture du dépôt des dossiers le 31 janvier 2025. Ils sont cinq, dont quatre hommes et une femme, qui ambitionnent de succéder à Akinwumi Adesina, élu à la tête de l’institution le 28 mai 2015 par le Conseil des gouverneurs.

Sur la liste des potentiels futurs présidents de la BAD figurent la Sud-Africaine Swazi Tshabalala, le Sénégalais Amadou Hott, le Mauritanien Sidi Ould Tah, le Zambien Samuel Munzele Maimbo et le Tchadien Mahamat Abaas Tolli. Avec des profils variés, ces candidats espèrent mettre les prochaines semaines à contribution pour rallier plusieurs pays à leur cause avant le vote prévu en mai 2025.

Swazi Tshabalala : la première femme à la tête de la BAD ?

À 58 ans, Bajabulile Swazi Tshabalala nourrit l’envie de devenir la première femme à diriger cette institution bancaire. Elle possède une connaissance approfondie de la Banque africaine de développement, qu’elle a intégrée en 2018 en tant que vice-présidente chargée des finances. En novembre 2021, elle a été nommée vice-présidente principale et directrice financière de l’institution financière panafricaine. Elle devient ainsi la première femme à occuper ce poste stratégique. Swazi Tshabalala a démissionné en octobre 2024 pour préparer sa candidature à la présidence.

Titulaire d’une licence en économie de l’Université Lawrence (1989) et d’un MBA de l’Université Wake Forest (1992) aux États-Unis, elle a une longue expérience de près de 30 ans dans les domaines de la finance, de la gestion de la trésorerie, des opérations sur les marchés des capitaux et des investissements, ce qui pourrait intéresser les pays votants. Cependant, elle ne pourra pas compter sur le soutien de tous les pays de l’Afrique australe. La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a, en effet, désigné le Zambien Munzele Maimbo comme candidat unique de la région, à l’unanimité.

Néanmoins, l’Afrique du Sud tentera de fédérer les pays anglophones et certains pays du BRICS autour de sa candidature.

Sidi Ould Tah, une candidature inattendue

Alors qu’il n’était pas attendu dans la course à la présidence de la BAD, Sidi Ould Tah a déposé sa candidature le mercredi 29 janvier 2025 et bénéficie du soutien du président de la Mauritanie, Mohammed Cheikh El Ghazouani.

À 61 ans, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances de son pays dirige la Banque arabe pour le développement économique en Afrique depuis juin 2015.

Il a également travaillé à la Banque islamique pour le développement (BID) en tant que chargé du marketing des investissements, puis assistant technique du président du groupe.

Il pourrait bénéficier du soutien des pays de l’Afrique du Nord et des pays du Golfe, membres de la BAD.

Sidi Ould Tah aurait également le soutien de certains pays ouest-africains. Titulaire d’un doctorat en économie de l’Université de Nice Sophia Antipolis, il peut compter sur ses liens avec de nombreux chefs d’État africains grâce à sa fonction de directeur général de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique.

Le gouvernement de la Mauritanie mettra également en œuvre, sa diplomatie pour convaincre les pays africains et les membres non africains de la BAD.

Amadou Hott : une grande maîtrise de l’institution panafricaine

S’il est élu, Amadou Hott ne sera pas un inconnu dans les couloirs de la BAD. Il a été vice-président chargé de l’électricité, de l’énergie, de la croissance verte et du changement climatique, ainsi qu’envoyé spécial du président de la BAD, chargé de l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique.

Considéré comme un proche de l’actuel président Akinwumi Adesina, il aurait le soutien de personnalités africaines, dont les milliardaires Aliko Dangote et Tony Elumelu, patron d’UBA Group. Le Sénégalais a travaillé dans de nombreux pays, dont la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et les Émirats arabes unis.

Si Amadou Hott a un bon profil, la rotation souhaitée à la tête de l’institution ne joue pas en sa faveur, car le président sortant vient également d’un pays d’Afrique de l’Ouest.

Sa proximité avec Akinwumi Adesina pourrait lui être préjudiciable, au moment où certains pays actionnaires de la BAD souhaitent une rupture avec la gouvernance actuelle. Amadou Hott est diplômé de l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne, où il a obtenu une licence et une maîtrise en sciences économiques, option monnaie et finance, ainsi qu’un DEA en finance de marché et gestion bancaire.

Il est également titulaire d’un master en mathématiques financières de l’Université de New York. Il a travaillé pendant plus de 20 ans dans plusieurs domaines, dont le financement structuré, la banque d’investissement, la gestion de fonds souverains, les infrastructures et le développement de solutions énergétiques intégrées, à New York, Londres, Dubaï et Lagos.

Au Sénégal, il a été ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, conseiller spécial de l’ex-président du Sénégal, Macky Sall, et directeur général du Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip).

Mahamat Abaas Tolli, le candidat de l’Afrique centrale

Le candidat tchadien, âgé de 52 ans, souhaite devenir le premier ressortissant d’Afrique centrale à diriger l’institution panafricaine.

Diplômé de l’École nationale d’administration (ENA) de Paris et de l’Université du Québec, Mahamat Abaas Tolli a été directeur de cabinet civil de la présidence, directeur des douanes et des droits indirects, ministre des Finances et du Budget, puis ministre des Infrastructures et des Équipements au Tchad.

À l’international, il a été gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) et secrétaire général de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC).

S’il est soutenu par plusieurs pays de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), Mahamat Abaas Tolli n’aurait pas la cote auprès des actionnaires non africains de la BAD et n’est pas cité parmi les favoris.

Néanmoins, il peut compter sur le soutien du président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, qui aurait entamé une campagne auprès de ses pairs en sa faveur.

Samuel Munzele Maimbo, un ancien de la Banque mondiale

Candidat choisi par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) le 17 août 2024 lors du 44e sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement, Samuel Munzele Maimbo est titulaire d’un doctorat en administration publique (secteur bancaire) de l’Université de Manchester, d’un MBA en finances de l’Université de Nottingham et d’un Fellow Chartered Certified Accountant (FCCA) obtenu au Royaume-Uni. Selon le média Le 360 Afrique, son profil intéresserait plusieurs pays anglo-saxons, dont les États-Unis, second actionnaire de la BAD, ainsi que le Royaume-Uni, l’Irlande et de nombreux autres pays occidentaux.

Il travaille à la Banque mondiale en tant que vice-président du budget, de l’examen des performances et de la planification stratégique depuis le 1er juillet 2023. Samuel Munzele Maimbo a été chef de cabinet de deux présidents de la Banque mondiale, David Malpass et Ajay Banga.

Il cumule près de 30 ans d’expérience dans le développement, les marchés financiers, la mobilisation des ressources et la planification stratégique, dont 23 ans au sein de la Banque mondiale.

L’élection du futur président de la BAD en Mai

Le prochain président de la Banque africaine de développement sera élu lors des Assemblées annuelles et du Conseil des gouverneurs du Groupe de la BAD, prévus du 27 au 29 mai 2025 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Le Comité directeur du Conseil des gouverneurs va vérifier la conformité des candidatures entre le 11 et le 13 février avant de publier la liste définitive des potentiels successeurs d’Akinwumi Adesina.

Le prochain président de la BAD devra recueillir deux majorités : 50,01 % du vote des 81 membres de l’institution et 50,01 % du vote des pays africains.