Bénin

Affaire 70 millions : un Vp de Les Démocrates fait allusion à la télécommande de Paris et évoque des réactions hypocrites

L’investigateur 20/12/2021 à 16:07

C’est à travers une ironie que le vice-président du parti, Les Démocrates, Eugène Azatassou a analysé les déclarations sur fond des mouvanciers. Ceci après l’affaire 70 millions FCFA dont a parlé à la barre, au cours de son son procès à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), l’ancienne ministre Réckya Madougou.

Le 10 décembre 2021, au cours du procès de Madame Reckya MADOUGOU devant la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), il a été déclaré que des députés auraient encaissé 70 millions chez la dame afin de lui assurer leur parrainage dans le cadre des élections présidentielles de 2021. Il a été noté après le procès, quelques cris d’horreur provenant de la mouvance. Il est dit que les députés mis en cause devraient « laver leur honneur » en assignant dame MADOUGOU pour diffamation, que les partis de ces députés devraient « se saisir du dossier » pour d’éventuelles sanctions, que le Président de la République devrait éloigner ces députés de son environnement, et d’autres expressions « d’indignation » du même genre. Dans un premier temps, j’ai eu envie de me contenter d’en rire. Mais, à la réflexion, l’idée l’a emporté d’écrire ce petit texte pour montrer que tout cela n’est que de l’hypocrisie pour deux raisons principales : la façon dont la mouvance présidentielle actuelle a été constituée et la forme donnée au parrainage.

| Lire aussi : Quenum : l’ancien préfet réagit à la condamnation de Aïvo et Madougou


Une mouvance construite avec la corruption comme fondation

On se rappelle que, entre 2011 et 2016, bon nombre de personnalités de l’opposition ou de la mouvance d’alors allaient à Paris pour prendre des instructions de « la télécommande ». Plusieurs cadres (ministres, députés ou autres) se bousculaient dans la capitale française pour cette cause. On se doutait bien que ces personnalités ne sont pas aussi altruistes ou autant pétries de conviction pour faire, à leurs propres frais, ces va et vient suivis parfois de marches gigantesques et de grèves intempestives et parfois « sans service minimum » dans l’administration publique. (…) Comment peut-on sérieusement s’offusquer que, dans un groupe constitué sur la base de telles pratiques, des gens poursuivent la manœuvre qui consiste à aller chercher l’argent même si cela heurte les « convictions » affichées au grand jour ? Par ailleurs, les patrons de la rupture connaissent bien leurs députés en qui ils n’ont aucune confiance. En guise d’exemple, notons que c’est pour cette raison qu’il a été exigé que les fiches de parrainage soient remises aux chefs de partis au lieu d’être gérées individuellement par les députés.

| Lire aussi : Diplomatie : le Bénin sanctionné par les Etats-Unis, lire les détails

En bref, au vu de la façon dont la mouvance présidentielle actuelle a été bâtie, les cris « d’indignation » visés ci-dessus ne sont que de la comédie destinée à tromper les naïfs.

| Lire aussi : Madougou : les réserves de son avocat sur la criet pour l’aboutissement de l’appel à sa condamnation

La forme du parrainage incite à la corruption

Confier à seulement 160 personnes le soin de décider de qui va être candidat aux élections présidentielles ou pas, c’est rendre le « mercato » fructueux pour les élus concernés par le parrainage. Plus la base de parrainage sera réduite, plus la corruption sera intense. C’est certainement une partie de la loi de l’offre et de la demande. Dans sa volonté de contrôler les parrains à tout prix, le pouvoir a fait une option d’une base très restreinte avec des élus qu’il maîtrise pour l’essentiel. Mais, cet état de chose, en plus d’être anti démocratique est porteur de germe de corruption. Dans ce contexte, pour des acteurs de cette mouvance présidentielle, s’offusquer de l’apparition d’actes de corruption dans ce domaine, c’est de l’hypocrisie et c’est aussi prendre les autres pour des attardés mentaux.


Eugène AZATASSOU,
Vice-président du parti LES DÉMOCRATES (LD)




 
 

 
 
 

Autres publications que vous pourriez aimer





Dernières publications





Facebook